Vous demandez pourquoi le numéro de la carte et le code de sécurité sont imprimés sur la carte. Dans les deux cas, faisons un peu d'histoire :
Le numéro de carte
Le numéro de carte (appelé PAN dans l'industrie) est juste un identifiant, il n'a aucune raison d'être secret. Il est nécessaire pour toute transaction, afin qu'une charge puisse être… rechargée sur le compte concerné, que :
- à un point de vente physique (POS), en utilisant l'ancienne méthode de “l'empreinte” (je ne sais pas si elle est encore utilisée quelque part). C'est la raison pour laquelle le numéro est en fait embossé, et non pas seulement imprimé (avec les autres détails nécessaires à la transaction : date d'expiration, nom du titulaire de la carte).
dans un point de vente, à l'aide d'un terminal POS (“machine à carte de crédit”), qui lit soit la bande magnétique soit la puce de la carte, qui fournissent toutes deux le PAN et le reste des données sans aucune authentification ni cryptage.
par téléphone ou sur papier (ce que l'on appelle “MOTO” dans le secteur : vente par correspondance / vente par téléphone), lorsque vous vous contentez de lire les détails par téléphone ou de les écrire sur le bon de commande.
sur Internet, où vous devez lire le numéro de votre carte et le saisir dans un formulaire. Comment pouvez-vous commander quelque chose si vous ne pouvez pas lire le numéro de votre carte ?
Le PAN n'a jamais été considéré comme un secret. C'est juste un numéro de compte, exactement comme votre numéro de compte apparaît sur les chèques papier, pour savoir sur quel compte l'argent doit être prélevé.
Certaines personnes pensent que la clé (le dernier chiffre) est un (mauvais) dispositif de sécurité, alors qu'en fait elle ne sert qu'à protéger contre les erreurs de saisie (changement de chiffre, échange de chiffres…).
De nos jours, les gens commencent à penser qu'un PAN doit être secret, et cela a conduit à l'introduction de la “tokenisation” : au lieu d'envoyer le numéro de carte réel, un autre numéro de carte est envoyé à la place, qui est soit limité à un canal spécifique (et éventuellement à un appareil), soit même à une seule transaction.
C'est le cas par exemple pour Apple Pay : lorsque vous enregistrez votre carte avec son vrai PAN, la banque renvoie un token (un “faux” PAN) qui est utilisé à la place, et ne peut être utilisé que pour les paiements effectués avec Apple Pay sur cet appareil. Si jamais quelqu'un interceptait ce PAN, il ne pourrait rien en faire : il ne sera pas accepté pour ajouter une carte à Apple Pay, ne sera pas accepté en magasin, en ligne, par téléphone, ou n'importe où ailleurs.
Est-ce vraiment utile ? Dans un monde parfait où toutes les transactions sont authentifiées par d'autres moyens, cela ne devrait vraiment pas avoir d'importance, un PAN en soi devrait être inutile. En pratique, comme il existe des canaux qui permettent d'utiliser des méthodes d'authentification assez peu sûres, c'est une ligne de défense supplémentaire.
Notez que le besoin de tokenisation est probablement un peu plus important avec l'introduction du sans contact : vous pouvez lire le PAN de n'importe quelle carte sans contact sans même la toucher, il suffit de s'en approcher suffisamment.
Le code de sécurité
Le code de sécurité imprimé au verso de la carte (ou au recto, pour les cartes American Express) n'était pas présent à l'origine. Il a été ajouté pour éviter les scénarios de fraude suivants :
un reçu de carte de crédit comportant le numéro complet de la carte (ainsi que le nom et l'expiration) a été jeté et récupéré par quelqu'un d'autre (cela était particulièrement vrai lorsque des imprimantes étaient utilisées, mais l'était également avant que les réseaux de cartes ne décident finalement qu'il était interdit d'imprimer le code PAN complet sur le reçu du client).
une carte est “glissée” pour enregistrer le contenu de la bande magnétique, qui contient le PAN, l'expiration, le nom du titulaire de la carte, et plus encore…). Cela permettait aux personnes qui avaient un accès physique aux cartes (serveurs, caissiers…) d'enregistrer assez rapidement un grand nombre de cartes sans se faire remarquer.
Pour contrer cela, ce nouveau code a été ajouté, qui n'est pas sur le reçu (car il n'est pas embossé), et n'est pas non plus sur la piste magnétique.
Ce code n'est requis que pour les achats MOTO et en ligne, où vous ne pouvez pas voir si l'utilisateur a effectivement la carte (une transaction dite “carte non présente”), et vous voulez être un peu plus sûr que l'utilisateur a la carte.
C'est en effet assez facile à contourner : il suffit soit de faire une copie complète de la carte (recto-verso), soit de noter toutes les données. Mais dans de nombreux scénarios ci-dessus, il est un peu plus difficile pour un utilisateur malhonnête de le faire sans être remarqué.
(L'introduction de terminaux portables aide aussi beaucoup, car un utilisateur peut garder ses yeux – et ses mains – sur la carte à tout moment, mais surtout dans les restaurants aux États-Unis, ce n'est pas encore une pratique courante).
Le code de sécurité est également utile dans le cas où un site stocke les données de votre carte de crédit et que quelqu'un parvient à y accéder : en théorie, personne n'est autorisé à stocker le code de sécurité, de sorte qu'un pirate informatique n'obtiendrait que le PAN et l'expiration, et ne pourrait plus l'utiliser, mais, en pratique, beaucoup trop de gens stockent encore le code de sécurité. Le secteur est La poursuite de ces objectifs (c'est l'un des aspects de l'initiative PCI DSS), mais il reste encore beaucoup à faire.
La véritable protection vient des nouvelles mesures d'authentification (3D Secure) qui permettent un autre mode de vérification au-delà de ces données. Selon la banque (ou même la carte), elles pourraient impliquer :
- un mot de passe
- un mot de passe à usage unique (OTP) envoyé par SMS ou par un autre moyen
- une authentification biométrique (empreinte digitale, reconnaissance faciale, scan de l'iris…)
- le fait de parler à la puce de la carte en utilisant le lecteur de carte connecté à votre ordinateur (je ne suis pas sûr que cela ait été déployé quelque part) …
Notez que le code de sécurité est utilisé seulement pour les transactions en ligne/MOTO (transactions “carte non présente”). Les transactions avec carte présente utiliseront l'un ou l'autre :
- un autre code de sécurité qui se trouve sur la bande magnétique (bien que celui-ci soit facile à copier)
- la communication avec la puce (sur les cartes qui en ont une) afin que la carte s'authentifie.